Un fabricant Japonais à décidé de donner une nouvelle vie aux Lunettes achromatiques de qualité à long rapport f/d, Scopetech.co., Ltd. Nous allons nous intéresser plus particulièrement à son instrument phare : la STL80A-MAXI.
Suite à mes nombreuses lectures du club "L'astronomie Vintage" sur le site Webastro et sur le forum US Cloudy Nights, j'ai décidé d'acheter cette Lunette à un astram passionné d'optique Japonaise et amateur d'instruments anciens.
Cette Lunette Achromatique "premium" fait l'objet de nombreux commentaires positifs, démonstration de ce qu'est la qualité optique et mécanique "Made in Japan" pour un budget abordable.
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Scopetech STL80A-MAXI sur sa monture EQ Orion SVP GoTo |
- Origine :
Il faut remonter plusieurs décennies en arrière pour trouver l'origine de cette Lunette 80/1200 à f/15, un réfracteur de même diamètre et de focale identique, la Mizar Kaiser de chez Hino Optical.
Sur le site web "Webastro Club L'Astronomie Vintage", l'histoire de la STL80A-MAXI est très bien expliquée, en particulier comment la relance en production semi-artisanale a pu être possible avec un peu de chance et surtout beaucoup de volonté, le récit se trouve ICI (copie du message original du site Scopetech Japon) .
Bien que traditionnel en apparence, le STL-80A MAXI n’est pas un instrument ancien, il combine des techniques de conception et de polissage classiques avec une fabrication japonaise moderne.
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Origine Japonaise affirmée |
- Mécanique :
On retrouve la finition japonaise, seuls éléments en plastique : les molettes de mise au point et le cache objectif.
Pour le tube, épaisseur de ~ < 2 mm, intérieur du tube bien noir (
deux couches) et 3 baffles très bien positionnés. Deux œilletons placés le long du tube permettent une visée rapide (
peephole finder), en complément un chercheur 6X30 de qualité, doté d'un réticule fin pour un pointage précis.
Le porte oculaire qui peut paraître basique au premier abord se montre souple, fluide et sans point dur. Il est de type crémaillère et pignon, entièrement en métal, il est bafflé en entrée du tube coulissant à l'intérieur. Sortie du porte oculaire en 36.4 mm (vissante) avec adaptateur pour coulant en 31.75 mm, backfocus maximal de 129.5 mm.
- Optique :
Le barillet de l'objectif (Alu) est de bonne finition, il n'est pas collimatable.
L'objectif est de type Fraunhofer (
Flint/F2 et Crown/BK-7), les deux lentilles noircies sur les bords sont séparées par 3 cales à 120° avec un traitement antireflet sur les 4 surfaces de verre HTM (
BBAR -
Broadband anti-reflective).
L'anneau de maintien des lentilles est en résine polymère Delrin élastique, il présente l'avantage d'éviter une contrainte lors des changements de température.
L'exemplaire que je possède est donné avec une optique ayant un strehl ratio de 0.97 (à 546 nm, bulletin de contrôle qualité de mon exemplaire).
La grande qualité de cette optique permet d'atteindre X200 facilement, soit X2.4 le diamètre.
L'assemblage final de la STL80A-MAXI 80/1200 est assuré par
Daï-ichi Kogaku Co., Ltd (
concepteur du barillet de l'objectif également) pour le compte de Scopetech.
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Le barillet et son objectif |
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Relative partial dispersion Scopetech 80/1200 - BK7/F2 |
- Note :
Ce modèle de Lunette est proposé aussi sous la marque Japonaise Kasaï avec un porte oculaire plus abouti, lien.
- Objectifs d'observation :
C'est une Lunette qui a pour vocation principale l'observation lunaire et planétaire.
Utilisée avec :
- oculaires Kellner Lumicon 25 mm, orthoscopiques/PL
Takahashi Starbase 20 mm, 14 mm et 9 mm.
L'oculaire TMB Planetary 6 mm complète ma gamme de grossissement.
L'utilisation d'oculaires simples comme des Kellner, Orthoscopiques et/ou Plössl sont en adéquation avec cette Lunette, ils permettent d'atteindre facilement la mise au point, les instruments japonais de ce type ayant un "intra focus" important.
Observer avec des oculaires modernes ne pose pas de problème à condition d'utiliser un renvoi coudé à prisme.
J'utilise parfois mon Nikon NAV 7 mm à grand champ ou mes Pentax XW.
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Banc d'essai optique chez Kubota Optical |
- Caractéristiques techniques
- Diamètre optique : 80 mm
- Focale : 1200 mm
- F/d : 15
- Optique : achromatique - doublet de type Fraunhofer.
- Verres utilisés : BK-7/F2
- Traitement : multi couches High Transmission Multilayer (BBAR) sur les 4 surfaces
- Transmission Lumineuse moyenne à 99,8% de 400 à 700 nm
- Chercheur 6X30
- Poids du tube (sans accessoire) : 2.1 kg
- Diamètre du tube : 84 mm
- Longueur du tube : 125 cm
- Magnitude limite stellaire : 11.6
- Pouvoir séparateur théorique : 1.27 secondes d'arc
Note :
pour une revue technique détaillée de la STL80A-MAXI, beaucoup d'informations disponibles ICI  |
Gros plan du porte oculaire et du chercheur 6X30 de la 80 MAXI. |
- Niveau de correction aberration chromatique :
- Calcul du taux de correction chromatique en visuel (colour Blur) : 2.11 (excellente Achromat, limite ~ 3.45).
- RC_Index : 2.7 avec renvoi coudé à prisme (critère Achromat de 2 à 15, plus la valeur est proche de 2 meilleure est la correction).
- Calcul de l'index CA (Chromatic Aberration/aberration Chromatique) : f/15 (longueur focale/diamètre en pouce) = 4.78, chromatisme très bien maitrisé, la Lunette atteint le critère de Sidgwick qui est de 3 et est très proche du critère de Conrady qui est à 5.
- Calage : F' C' (480-644) : lunaire, planétaire et terrestre.
- Tests et essais :
.9/04/2022 : Lune au premier quartier, RC Takahashi/oculaires Morpheus 17.5 mm, Pentax XW 14 et 10 mm, Nikon NAV 7 mm et TMB Planetary 6 mm.
La 80 mm f/15 confirme son excellent potentiel en observation visuelle lunaire, j'ai pu atteindre sans problème 2.5 fois son diamètre soit X 200 (PS de 0.4 mm) avec le TMB 6 mm.
Transmission lumineuse étonnante à ce grossissement, l'image reste lumineuse et de grande qualité, un chromatisme d'une très grande discrétion.
Je suis resté captivé par les régions du Mur droit et de Platon.
Maintenant je sais ce que c'est une optique Japonaise de qualité.
.8/03/2022 : la Lune montante à 30% d'illumination, RC Takahashi/oculaires orthoscopiques Takahashi Starbase 20 et 14 mm, Baader Classic 10 mm.
Oculaire grand champ Nikon NAV 7 mm.
Monture équatoriale avec suivi Orion SVP GoTo.
Je vais éviter les superlatifs pour donner de la crédibilité à mon compte rendu, après une mise en température de la Lunette et de ses accessoires, pointage et observation lunaire.
De X 60 à X 171 (X 2.1 le diamètre) des images contrastées et particulièrement piquées.
Une luminosité étonnante même à X 171, de multiples détails visibles sur la surface lunaire : failles, rainures, dômes, dénivelés, petits cratères, jeu d'ombres noires et de lumière sur les pics montagneux et ailleurs... un beau spectacle qui captive l'observateur avec un réfracteur qui donne sa pleine mesure et fait oublier son modeste diamètre de 80 mm.
Pas d'aberration optique notable, le chromatisme est infime et se fait facilement oublier.
La Scopetech STL80-A MAXI excelle sur la Lune et démontre qu'une Lunette achromatique de cette qualité peut être comparable à une 80 ED à f/7.5.
.25/02/2022 : après une longue période de météo défavorable, j'ai pu enfin faire quelques réglages d'équilibrage du tube dans ses colliers (queue d'aronde longue), de la Lunette et ses accessoires avec la monture.
Des contrôles de l'optique de X75 à X150 ont pu être faits, équipée du renvoi coudé Takahashi à prisme en 31.75, des oculaires Starbase ortho 14 mm et Baader classic orthoscopique 10 mm.
Collimation parfaite, intra comme extra focus sur une étoile donne une image lisible des anneaux, signe d'une très bonne optique et du peu d'aberration sphérique.
Pas de Lune ni de planètes, j'ai donc choisi quelques étoiles doubles, M42 et la nébuleuse planétaire de l'Eskimau.
Images très lumineuses et contrastées, peu ou pas de chromatisme, je n'y ai même pas fait attention.
Excellent instrument de grande qualité optique, vivement la Lune (et les planètes plus tard) qui seront les objets privilégiés pour cette Achromat à f/15.
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Début d'observation Lunaire |
- Quel intérêt à utiliser un réfracteur à long rapport f/d ?
* Les longs rapports f/d permettent une utilisation optimale des oculaires, ils fonctionnent nettement mieux sur l'ensemble de leur champ apparent.
* Avec une distance focale égale ou supérieure à 1 mètre, les lunettes présentent très peu de courbure de champ, cela permet d'obtenir des images "plates" agréables en visuel.
* Un long rapport f/d permet aussi une mise au point plus facile et franche.
* Moins sensible à la turbulence atmosphérique.
* La collimation est plus facile à obtenir et à conserver.
Note : le rapport f/d n'a pas d'importance en observation visuelle, à grossissement et diamètre identiques l'image à la même luminosité qu'un réfracteur à f/d plus court, c'est la focale de l'oculaire utilisé qui change.
IMPORTANT : toutes les informations sur le matériel qui sont données sur ce blog sont le résultat de longues recherches et de nombreux recoupements afin d'obtenir des informations avec un bon niveau de fiabilité.
Mes sources sont les sites de tests de matériel astronomique, les sites web sur l'optique astronomique, les revues spécialisées d'astronomie, les fournisseurs/constructeurs/distributeurs (quand ils veulent bien répondre), les notices d'emploi et dans une moindre mesure les forums de discussions. Une erreur et/ou une omission est donc toujours possible...